Du 2006/09/24 au 2006/10/02 |
-- De Lhassa à Katmandou |
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Nous séjournâmes trois jours à
Lhassa. A l'expérience, ce fut trop court pour faire les formalités
administratives et le service des véhicules, pour visiter la ville et
les sites extérieurs. |
La journée du 25/09 fut
consacrée
à remplir des formalités administratives et à faire des interventions sur les
véhicules.
La matinée fut occupée exclusivement à la demande du visa pour le Népal. Le
consulat ouvre à 10:00 et ferme à 12:00 pour le dépôt de la demande de visa. Le visa coûte 255 yuans, plus 10
yuans à un vendeur de trottoir pour obtenir le formulaire et pour utiliser le tube
de colle pour coller la photo sur le formulaire, chinese business. A
notre arrivée la foule de demandeurs était déjà grande. A l'ouverture la cohue
fut indescriptible et pendant toute l'attente les chinois poussaient,
resquillaient, vociféraient, ..., je m'énervais. Finalement les cinq membres
du groupe avaient déposé leur dossier juste avant la fermeture du bureau. Nous y
rencontrâmes le groupe de Pierre Michel retardé, il était entré une semaine
avant nous en Chine, par l'attente de pièces détachées.
L'après-midi fut dédié aux interventions requises par les véhicules. J'allais
sur recommandation de MAN Beijing à l'atelier de réparation des pompiers de
Lhassa pour faire retendre les courroies du moteur changées lors de
l'entretien à Beijing. Le reste de la journée les membres du groupe
vaquèrent à diverses occupations. |
La journée du 26/09 fut
employée à la visite des deux monastères situés au nord de Lhassa.
Michel et moi partîmes pour Drepung le matin en taxi avec Liu et l’interprète. Nous rentrâmes vers 13:00
au parking pour déjeuner. Drepung est un grand monastère Gelugpa fondé par un
disciple de Tsongkhapa en 1416. Il fut la résidence des Dalaï-lamas jusqu’à la
construction du Potala. Actuellement il y a environ 600 moines. La photo de la
couverture de ce site montre une cellule de moine avec la bannière étoilée!
Le
gouvernement chinois contrôle le nombre de moines dans les monastères.
Vers 14:00 les mêmes partirent visiter le monastère de Sera. Il fut fondé en 1419 par un autre disciple de Tsongkhapa.
Il fut le rival de Drepung pour la formation des moines. Outre les différentes
salles, la principale attraction
est la cours des débats où les moines par groupe de trois débattent de points du canon
Lamaïste.
Vers 17:00 nous allâmes chercher nos passeport au consulat du Népal.
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Pèlerin
Monastère de Drepung
le 26/09/2006 |
La cours des débats
Monastère de Sera
le 26/09/2006 |
La journée du 27/09 fut occupée
à la visite du Potala puis du Jokhang.
Le Potala fut la résidence des Dalaï-lamas depuis le Grand Cinquième jusqu'à
la fuite de l'actuel Dalaï-lama après l'invasion du Tibet par l'armée
chinoise en 1951. Pour le visiter il faut faire une réservation un ou deux jours
au préalable
et présenter le passeport à l'entrée. La visite doit être faite en heure. Le
guide agrée pointe à l'entrée et à la sortie donne le ticket avec l'heure
d'entrée. En cas de dépassement de la durée imposée, il peut se faire retirer
son agrément et les touristes payer une amende. Dans chaque salle visitée il y
a un soldat de l'armée d'occupation qui surveille et éventuellement pousse
les visiteurs qui passent trop de temps. Le Potala est devenu un musée, nous
le visitâmes lors d'une journée dédiée aux pèlerins tibétains. Il regroupe les
différentes pièces d'habitation des Dalaï-lamas, des chapelles dédiées aux
différentes déités du panthéon lamaïste et les chortens, reliquaires, des
dépouilles de certains Dalaï-lamas. L'ensemble est somptueux de couleurs, de
richesses, d'or, d'argent et de pierres précieuses. L'atmosphère est chargée
d'encens, mais reste un bâtiment sans vie malgré la présence de pèlerins. Le
Potala ne subit pas les outrages de la Révolution Culturelle protégé par
l'armée personnelle de Chou En-lai! Il est assez ironique d'y voir les
touristes chinois.
Le Jokhang fut construit par le roi Songtsen Gampo vers 640 AD pour abriter
deux sculptures dont celle de Jowo Sakyamuni. Les deux étages de ce bâtiment
quasi rectangulaire sont occupés par des chapelles contenant les sculptures
des déités du panthéon bouddhique. La sculpture du Bouddha du présent est la
plus vénérée de tout le Tibet. Le Jokhang est situé sur la place du Barkhor
lieu de rassemblement des pèlerins. Lors de mon voyage en 1991, le Jokhang
était en cours de rénovation après les saccages de la Révolution Culturelle.
Peu de sculptures sont originales.
Le Barkhor et les rues adjacentes sont peuplés de pèlerins, moines et
touristes flânant de boutique en boutique.
Le temps imparti ne me permit pas d'aller voir la gare de chemin de fer
inaugurée en juillet 2006 qui déversera les cohortes de touristes chinois.
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Le Potala
Lhassa
le 27/09/2006 |
Le Jokhang
Lhassa
le 27/09/2006 |
A départ de Lhassa l'itinéraire
progresse sur le plateau tibétain vers la frontière népalo chinoise en
visitant les principaux monastères. J'avais fait le trajet en sens inverse lors de
mon voyage en
1991.
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Le tracé de la route
de Lhassa à Katmandou
du 28/09/2006 au 02/10/2006 |
Le 28/09 vers 9:00 nous quittâmes Lhassa
après avoir fait le plein de gazole, nous allâmes jusqu’à Xigazé par une route
goudronnée dans la large vallée du Kyi Chu river puis du Yarlung Tsangpo
(Brahmapoutre). La journée fut très belle avec un chaud soleil d’automne à une
altitude moyenne de 3.700 mètres. La route était parfois bordée d’arbres ayant
revêtu leur couleur automnale.
Arrivée à Xigazé vers 15:00, nous cherchâmes un bivouac pour stationner les
véhicules et permettre aux trois personnes ne visitant par le monastère de se
reposer.
Le monastère de Tashilhunpo, l’un des six grands monastères Gelugpa du Tibet
(nous les visitâmes excepté le monastère de Ganden), fut fondé en 1447 par un
des disciples de Tsongkhapa. Il est l’un des rares monastères du Tibet qui
subit la tornade destructrice de la Révolution Culturelle. Nous le visitâmes
en milieu d’après-midi assorti d’une rare luminosité. Les
commentaires de notre guide anglophone, Liu, furent d’un exceptionnel intérêt.
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Tibétaine
en route
le 28/09/2006 |
Chorten, Tashilhunpo monastery
Xigazé
le 28/09/2006 |
Le 29/09 au départ de Xigatse
la nouvelle route asphaltée ouverte depuis deux mois est superbe sur les
trente deux kilomètres jusqu’au Lhakpa-La à 5.220 mètres d’altitude. Puis la
route en terre est en travaux pour être goudronnée. Nous fûmes arrêtés deux
fois. La première fois fut un sens alterné. La deuxième fois fut un arrêt
jusqu’à 19:00 pour asphaltage en cours. Au lieu d’attendre plus de trois
heures nous décidâmes de longer la route par le lit du torrent pour reprendre
la route en travaux deux kilomètres plus loin. Sans être difficile, ce
hors-piste nous rappela certains passages délicats des pistes de Mongolie. Une
nouvelle fois le Toy de Roland et Henriette ouvrit la piste. Ce fut encore une
belle journée ensoleillée dans l'air limpide de la haute altitude, excepté la
poussière de la piste en travaux.
Nous bivouaquâmes sur le parking d’un hôtel à Xegar alors que le bivouac sauvage était possible
dans un paysage sublime. Des toilettes étaient requises par les deux autres équipages, mais quelles toilettes! …
au standard de propreté chinoise bien sûr.
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Lhakpa-La
5.220 mètres
le 29/09/2006 |
Passage hors piste
12 kilomètres avant Xegar
le 29/09/2006 |
Le 30/09, nous quittâmes New Tingri, Shegar ou Xegar, vers 09:30 pour rallier Tingri pour le déjeuner
par
une belle route nouvellement asphaltée. En route nous nous arrêtâmes pour
contempler à loisir le mont Everest (8848), le Lhoste (8516), le Cho Oyu
(8201). Après Tingri la route devint une piste bien surfacée avec parfois de
la tôle ondulée. Nous fîmes l’assaut des deux derniers cols, distant d’environ
8 kilomètres, le Lalung-La, 5.050 mètres, puis le Thong-La à 5.120 mètres
d’altitude. Les 50 derniers kilomètres avant Nyalam se déroulèrent dans la vallée très
étroite du Pö Chu sur une piste serpentant à flanc de montagne.
Nous établîmes
le bivouac à Nyalam dans la médiocre cour de l’hôtel Nyalam à défaut de
toute autre possibilité dans ce village à rue unique. |
Le mont Everest
8.848 mètres
le 30/09/2006 |
Piste vers Nyalam
en route
le 30/09/2006 |
Le 01/10, nous restâmes la
matinée à Nyalam. J’en profitai pour faire de l’administratif. La journée
s’annonçait belle. Nous partîmes vers 14:00 après avoir déjeuner dans
nos
camions pour arriver à Zhangmu vers 15:30 et pour stationner devant les
bureaux de la frontière chinoise. La route 318, une piste en terre, serpente
dans la montagne avec des cascades et des apiques vertigineux. L’entrée et la
circulation dans Zhangmu sont impressionnantes, une seule rue étroite en
zigzag et slalom entre véhicules, immondices, tas de terre et autres déchets.
Pour la dernière fois le Toy de Roland et d'Henriette ouvrit la route pour
trouver un bivouac à nos camions. Les anciennes maisons tibétaines bordant la rue ont été remplacées par des
immeubles hideux de style chinois. |
La route 318
vers Zhangmu
le 01/10/2006 |
Le slalom dans la rue
Zhangmu
le 01/10/2006 |
Le 02/10 vers 9:00 nous fîmes la queue
au poste frontière qui ouvrait à 10:00. Malgré le resquillage d’un groupe
d’anglais, Liu nous fit passer rapidement le contrôle des passeports. Il en
fut autrement à la douane où nous dûmes attendre un coup de tampon pendant
près de deux heures. Nous payâmes une taxe par véhicule toute catégorie de 640
CNY.
Enfin nous quittâmes Zhangmu vers 11:45 pour faire la descente vers le Pont
de l’Amitiés pour un dernier contrôle des passeports et pour remettre les
plaques minéralogiques chinoises à notre guide Liu. Le voyage en Chine était
terminé.
Le passage de la frontière népalaise fut une simple formalité : Présentation
du carnet de passage en douane à la douane pour remplir un volet, puis présentation
du passeport au bureau d’immigration pour collage d’un sticker de la date
d’entrée au Népal. Nous étions au Népal.
La route jusqu’à Bhaktapur est une piste en terre très dégradée qui descend de
2.200mètres à 1.300 mètres d’altitude avec quelques courtes parties goudronnées. Puis
la route devint asphaltée jusqu’à notre entrée à Katmandou vers 17:30. Je fis
cette dernière partie de la route en la seule compagnie d’Henriette et Roland.
La recherche du parking conseillé par China Comfort Travel fut relativement
simple puisque je reconnus la ville où j’avais séjourné à l’hôtel Shanker lors
d’une randonnée au Népal en 1999. Hélas le coût du parking étant prohibitif je
stationnais dans la rue près de l’hôtel Ambassador.
Pendant le trajet de Zhangmu à Katmandou, j’eus comme copilote notre charmante
interprète Stéphanie qui prenait quelques jours de congé à Katmandou avant de
retourner à Shanghai. |
La route 318
vers le pont de l'Amitié,
embarras routier
le 02/10/2006 |
Dernière photo des véhicules
au de Pont de l'Amitié,
fin d'une amitié introuvable
le 02/10/2006 |
Lors de mon voyage en 1991 l'armée d'occupation
chinoise était visible surtout à Lhassa et les chinois étaient encore peu
nombreux sauf à Lhassa dans des immeubles sociaux face au Potala. Depuis, la
politique de peuplement du gouvernement chinois à partir de Chengdu a eu pour
conséquence que les Tibétains sont minoritaires dans leur pays. Lhassa est une
ville chinoise. Xigazé qui était un gros bourg tibétain en 1991 est devenue la
seconde ville du Tibet. La conquête de l'ouest tibétain serait-elle un funeste
remake du Far West américain?
Il est aussi évident que la politique de destruction de la civilisation
tibétain a évolué ; elle est devenue plus subtile, moins brutale. La
restauration des monuments détruits par la Révolution Culturelle, leur mise en
valeur pour un tourisme de masse sont obvies. Ainsi à Lhassa les affreux
immeubles sociaux construits devant le Potala ont fait place à un parc
joliment arboré.
Eu égard à la politique de peuplement, l'annexion du Tibet est irréversible.
Espérons que les Tibétains ne seront pas parqués dans des réserves à l'instar
des indo-américains aux USA. Le Tibet est toujours sous tutelle de
l'armée d'occupation. |
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Katmandou, le
2006/10/02 |
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